Trois camionneurs avec des dossards oranges devant un camion

Lettre à nos étudiants en transport par camion actuels et futurs

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Vous deviendrez bientôt camionneur ou songez à le devenir, bravo. Vous aurez un métier où le travail ne manquera pas, on dit qu’il manquera 52 000 camionneurs dans les prochaines années en raison du départ à la retraite de plusieurs conducteurs expérimentés.

Note : le masculin est utilisé dans le texte que vous lirez afin de l’alléger mais les femmes sont de plus en plus nombreuses dans la profession et j’en suis très heureuse. Mesdames, ce texte s’adresse aussi à vous.

Comme conducteur de véhicule lourd, vous serez responsable de livrer tous les matériaux et outils dont les usines ont besoin pour fabriquer des produits très variés. Vous serez aussi responsable de livrer les produits finis dans des magasins, à d’autres usines, chez des installateurs, sur des chantiers de construction, chez les consommateurs, etc. Vous aurez un rôle crucial à jouer dans l’économie du pays, rôle dont vous pourrez et devrez être très fier.

Vous avez choisi ou choisirez un métier où vous bénéficierez d’une grande liberté. Vous pourrez, entre autres, choisir le type de transport qui vous convient. En effet, le transport offre un nombre infini de possibilités : différents types d’équipement – camions et remorques – différents horaires de travail, différentes activités, ce n’est vraiment pas la même chose de livrer des matériaux bruts dans une usine et de livrer le produit fini dans la maison du consommateur et entre les deux, tant d’options possibles… Il y a plus de 7000 entreprises de camionnage au Québec, vous aurez le choix!

Pour être camionneur, vous devrez être passionné. Certains préfèrent l’autonomie et la solitude que ce travail procure, pour d’autres c’est le fait de « manger de l’asphalte, mille après mille » qui les allume, pour certains encore c’est l’opportunité de voir du pays alors que d’autres auront une passion pour LA machine, le camion avec plus ou moins de lumières, plus ou moins de chrome, plus ou moins gros et qui ronronne plus ou moins fort! Les raisons d’aimer le métier sont aussi nombreuses et diversifiées que les gens qui composent l’industrie. Chaque jour vous vivrez une expérience différente de la veille.

Mais votre travail ne sera pas non plus un long fleuve tranquille. L’autonomie et la solitude vous pèseront peut-être lorsque vous briserez en pleine nuit au milieu de nulle part et que vous devrez faire preuve de beaucoup de créativité et de débrouillardise pour reprendre la route.

Votre vie amoureuse ou de famille changera, vous aurez des horaires atypiques souvent très différents des horaires de vos proches (les camionneurs font des journées moyennes de 12 heures et jusqu’à 70 heures par semaine), ce changement sera pire encore si vous optez pour la longue-distance qui vous tiendra loin de la maison pendant de nombreux jours. Vous aurez à composer avec les aléas de la route : conditions météo parfois exécrables, congestion routière, travaux, bris mécaniques, etc. Vous devrez aussi connaître une tonne de règlements et pouvoir les appliquer correctement. Certains clients, collègues, patrons ou autres usagers de la route seront parfois désagréables. Votre travail ne sera pas toujours reconnu à sa juste valeur.

Ce qui m’amène justement à mon premier conseil : tentez, autant que possible, de ne rien prendre personnellement. Quelqu’un vous coupe la route et roule en fou, oui, c’est peut-être un imbécile mais il a peut-être une vraie bonne raison : sa conjointe est peut-être vraiment en train d’accoucher, il a peut-être appris que son enfant a eu un accident et pour lui (ou elle) se rendre à destination (au péril de sa vie et de la vôtre je vous l’accorde) le plus vite possible est peut-être vraiment une nécessité. Soyez conciliant, cédez-lui la route, ça vous épargnera bien des brûlements d’estomac je vous le promets.

Les relations seront aussi parfois un peu ardues : un client est bête comme ses pieds? Il vit possiblement une situation pénible, au travail ou à la maison. Pensez aux jours difficiles que vous avez sûrement déjà vécus et qui ont probablement affectés votre caractère pendant un moment. Prenez une grande respiration, évitez de répliquer, rappelez-vous que vous êtes l’image de l’entreprise. Ça ne vous servirait à rien de vous fâcher à votre tour, il n’aura réussi qu’à vous rendre maussade. Soyez fort et gardez le sourire!

Cher étudiant, je vous souhaite de trouver votre voie et d’être heureux dans votre nouvelle carrière. Je vous souhaite de trouver l’emploi qui vous convient et qui répond à vos besoins. Ce ne sera pas nécessairement facile,  certains employeurs refusent encore d’embaucher des gens inexpérimentés et tendent à oublier qu’ils ont aussi eu leur premier jour. Vous pouvez les convaincre. Parlez-leur de votre passion, de votre enthousiasme, des raisons qui vous ont amené au transport par camion, des sacrifices que vous avez dû faire pour arriver à décrocher votre DEP. Montrez-leur ce que nous voyons chez vous : de la volonté, du courage et de la ténacité.

Et lorsque vous aurez trouvé un emploi, suivez mon 2e conseil : accrochez-vous pendant au moins deux mois. Changer d’emploi, même quand on est très expérimenté, c’est toujours déstabilisant et dans le camionnage, la difficulté est décuplée par ce qui fait le bonheur des camionneurs : l’autonomie et la diversité dans les activités.

Je sais que même si nous vous avons bien préparé, les premiers jours que vous ferez seul risquent d’être épuisants et décourageants. Vous aurez l’impression de ne pas être à la hauteur, vous vous sentirez peut-être complètement dépassé. Promettez-moi de tenir le coup et d’essayer deux mois. Dans vos moments de désespoir, rappelez-vous la différence entre votre première semaine de pratique alors que vous reveniez au centre de formation après deux ou trois heures de conduite complètement vidé et le jour où vous êtes revenu de la SAAQ avec votre tout nouveau permis, le torse bombé, les épaules larges et le sourire accroché aux lèvres. Vous en avez fait du chemin! Ce sera probablement la même chose avec votre emploi. Donnez-vous le temps de prendre vos marques, de vous faire une routine et ça devrait bien aller. Si au bout de deux mois ça ne fonctionne toujours pas et que vous n’êtes pas heureux, discutez-en avec votre employeur. Vous aurez au moins une meilleure idée de ce que vous aimez plus ou aimez moins et qui sait, votre employeur aura peut-être autre chose à vous suggérer. Au pire, il y en a 6999 autres!

Chez Extra Centre de formation, nous croyons que si « ça prend un village pour élever un enfant », ça prend aussi l’aide de toute une industrie pour développer les meilleurs camionneurs. Alors vous, anciens étudiants, camionneurs en emploi, parents, amis, usagers de la route ou employeurs, quel serait votre conseil à un futur conducteur ou une future conductrice? Partagez-les sur notre blogue ou sur notre page Facebook

Isabelle Robillard
Directrice